En mars, la baleine a défrayé la chronique et deux images saisissantes se sont télescopées à quelques jours d’intervalle. C’est d’abord l’improbable vision d’un plongeur sud-africain à moitié englouti par une baleine, ses jambes et ses palmes dépassant de la puissante mâchoire. Soulagement général, puisqu’on apprenait dans le même temps que l’homme, aussitôt recraché par l’animal, était indemne ! Autre photo choc, à l’issue plus triste : une baleine échouée sur une plage, tuée par 40 kg de sacs plastiques… Alors, qui de l’homme ou de l’animal est un danger mortel pour l’autre ? Au-delà du mythe, So Phare rétablit la vérité, et il n’y a pas photo !
Le saviez-vous ? Avec ses 170 tonnes et 20 à 30 mètres de long (soit un immeuble de 10 étages !), la baleine bleue est le plus grand animal au monde. C’est peut-être là l’origine de la fascination de l’Homme pour la baleine et des peurs ancestrales qui nous animent.
Le monstre des mers
Contre vents et marées, les mythes ont la vie dure. A fortiori lorsqu’ils sont parole d’Évangile ! C’est le cas du mythe de la baleine mangeuse d’hommes, instauré par l’épisode biblique du prophète Jonas. Tiré au sort pour être jeté à la mer et calmer la tempête divine, Jonas est avalé par une baleine. Il ne devra son salut qu’à Dieu, qui décide de le sauver, après trois jours et trois nuits dans le ventre du cétacé.
Plus près de nous, Les Aventures de Pinocchio de Carlo Collodi (1881), a impressionné des générations d’enfants et alimenté tous les phantasmes. A la fin du conte, Gepetto, Pinocchio et Jiminy Cricket sont aux prises avec Monstro, la redoutable baleine qui les avale tout crus. Prisonniers dans le ventre de la baleine, ils allument un feu pour obliger Monstro à éternuer et les expulser…
Quel repas pour la baleine ?
Revenons à la réalité : dans la vraie vie, la baleine est tout à fait incapable d’ingurgiter de « gros poissons », a fortiori un être humain, pour une raison simple : son anatomie le lui interdit !
Malgré sa taille imposante, la baleine se nourrit de zooplancton (des minuscules crustacés comme le krill et les copépodes) voire de tout petits poissons (capelan, hareng, etc.)qu’elle ingère en très grosse quantité, jusqu’à 7 tonnes par jour. Sa mâchoire supérieure est pourvue de fanons, constituées de lames en kératine qui filtrent l’eau ingurgitée pour ne garder que les plus petits aliments, seuls admis à transiter par l’œsophage étroit du cétacé avant de gagner l’estomac.
Les baleines en danger
Venons-en à cette autre photo qui a fait le tour des media : une jeune baleine de Cuvier, retrouvée échouée le 16 mars sur l’île de Bohol, dans l’archipel des Philippines, a succombé à un « choc gastrique » après avoir ingéré plus de 40 kilos de sacs plastique, selon les experts qui l’ont examinée…
Un triste épisode de plus dans la lutte inégale entre l’homme et la baleine pour leur survie sur cette planète. Outre les déchets qui encombrent nos océans, les baleines sont menacées par le réchauffement climatique et l’acidification des eaux qui amenuisent les réserves de zooplancton. Sans parler de la chasse : toujours autorisée dans certains pays (Islande, Norvège, Canada, Danemark et Japon), elle tue plusieurs centaines de cétacés chaque année. Résultat, en un siècle, les baleines bleues sont passées de 250 000 à 5 000 individus. Alors, qui de l’homme ou de la baleine… ?
En savoir plus
Un repas de baleine en vidéo
La baleine bleue, espèce menacée
https://www.francetvinfo.fr/animaux/la-baleine-bleue-est-en-voie-de-disparition_2066619.html
Suivez-nous sur Instagram et Facebook